Adapté du roman graphique de Si Spender, Bodies (2023) est une mini-série britannique qui nous fait voyager au gré de ses boucles temporelles dans un quatre-temps rythmé.

Ah ! Le casse-tête des voyages temporels. Les temporalités qui se confrontent et s’unissent en de longs chemins tortueux qui se rejoignent à la fin. Un genre qui peut vite s’essouffler par un manque criant de cohérence ou une flemmardise scénaristique. Cela dit, Bodies ne connaît pas d’incohérences terrifiantes (sauf pour les plus avertis du genre peut-être ?) et personne n’a été flemmard sur le scénario ni la mise en scène.

Pour commencer, on se situe en 2023. Sharara Hasan, une inspectrice londonienne, fait la découverte du corps nu d’un homme dans le quartier de Whitechapel. Cependant, cette scène n’est pas unique. En effet, elle s’est également déroulée en 1890, en 1941 et se déroulera dans le futur, en 2053. Ainsi, et au travers de ce même crime, quatre inspecteurs vont devoir mener leur propre enquête dans leur société actuelle.

Bodies n’est pas sans rappeler Dark (2017/2020), également disponible sur Netflix. Différentes temporalités qui se confrontent tout en étant liées les unes aux autres. La nuance est (qu’à mes yeux), Bodies est moins complexe. Si j’ai apprécié Dark, plus d’une fois, je me suis retrouvée a chercher furieusement des explications pour comprendre ce que je venais de voir. Grâce à son intrigue assez complexe pour intriguer et une pointe de simplicité, Bodies donne envie de s’impliquer jusqu’au bout. Il n’a pas pour but de torturer les méninges jusqu’à l’usure. D’ailleurs pour un format de 8 épisodes, Paul Tomalin a su trouver le parfait équilibre dans son travail d’adaptation.

De même quant à la plongée dans les rues britannique à des époques différentes se révèle très agréable. La bande son de Jon Opstad joue un rôle important et s’accorde parfaitement aux époques et scènes. Le casting est exceptionnel. Chacun possède sa propre identité et son fil d’enquête sans qu’aucune ne se ressemble. Les quatre inspecteurs se retrouvent malmenés physiquement et émotionnellement. J’ai adoré l’intensité de Hillinghead (Kyle Soller) en 1890. La vengeance de Whiteman (Jacob Fortune-Lloyd) en 1941. L’intégrité de Hasan (Amaka Okafor) en 2023. Et la résignation de Maplewood (Shira Haas) en 2053. Face à eux, on ne peut qu’apprécier le personnage d’Elias Mannix. Tant comme adulte (Stephen Graham), qu’adolescent (Gabriel Howell). Un antagoniste de génie qui nourrit un besoin qui semble presque utopique.

Bodies – Netflix

Il est également intéressant de voir la caractéristique des personnages. Un homosexuel dans une époque qui ne s’y prête pas. Un juif pendant la Seconde Guerre Mondiale. Une femme de couleur dans une capitale anglaise agitée. Et une handicapée dans un monde futuriste faussement aimant. Chacun étant à un moment de l’Histoire pointé du doigt, tandis que les transitions s’enchaînent avec dynamisme. Mais au-delà de tout, ils ne sont pas parfaits. Et c’est en ce point que les personnages fonctionnent.

D’ailleurs, en y regardant de plus près, l’essence même de la série c’est l’amour. Familial. Amical. Sentimental. Un amour des valeurs et des morales. C’est ce qui fait battre le rythme et se révèle plus présent qu’il n’y paraît. Non seulement, la série jongle entre le thriller policier et la science-fiction, mais elle parvient a rester dynamique jusqu’à son générique de fin. Nous sommes les fantômes du passé, du présent et du futur. Avec tout notre (/mon) amour. En espérant que la série ne connaîtra pas de suite, cette saison étant parfaitement autosuffisante bien qu’elle garde un portail ouvert.

Bodies – Netflix

Bodies est disponible sur Netflix.