Adapté du roman éponyme de Thomas Mallon paru en 2007 et scénarisé par Ron Nyswaner, Fellow Travelers est une série d’une passion intense et brute mêlant les genres dont la lutte pour les droits des homosexuels dans les années 1950.
Le charismatique et ambitieux Hawkins Fuller (Matt Bomer) mène une brillante carrière politique tout en gardant à distance toutes relations sentimentales. Jusqu’à sa rencontre avec l’idéaliste Tim Laughlin (Jonathan Bailey). Ils tombent amoureux au plus fort des années 1950 où Joseph McCarthy et Roy Cohn se lancent dans une traque aux « déviants sexuels ».
Difficile de parler d’un coup de cœur lorsqu’on connaît chaque thématique abordée dans cette série. Et pourtant ! De son casting à son scénario en passant par sa mise en scène et sa qualité esthétique. Car oui, tout nous pousse vers cette reconstitution historique mature, adulte et d’une dure réalité. Rien à voir avec les mignons BL de ces dernières années.
Pas besoin d’être une flèche en Histoire pour savoir que les minorités ont souffert (et souffrent encore) de nombreuses discriminations. Pendant les années 1950, le pays de l’Oncle Sam s’est engagé dans une véritable chasse aux sorcières visant la communauté LGBT qu’on appelle aujourd’hui la « Lavender Scare » ou en français la peur violette (ou lavande). Celle-ci avait pour but de dénoncer et évincer tout fonctionnaire américain ayant des « déviances sexuelles ». Et c’est cette période qui sera le coeur de Fellow Travelers au cours de ses 8 épisodes.
Hawkins est un vétéran de l’armée qui dissimule son goût pour les hommes. Maître dans l’art du flirte avec les femmes, qui pourrait penser qu’il puisse apprécier la compagnie d’un corps aussi solide que le sien ? S’il est un habitué des coups d’un soir, sa rencontre avec Tim (ou Skippy) va changer sa perception. Un amour qui s’anime, une passion dévorante dans un pays en chasse contre une forme d’amour interdite.
Afin de se délecter de chaque saveur de la série, il faudra apprécier les magouilles politiques et les injustices. Étant donné que la politique est au centre de la série. Cependant, elle n’est pas seulement un cadre, elle y ajoute une dynamique et une tension palpable. Hawkins et Tim travaillent tous les deux à Washington et assistent sans détour aux nombreuses stigmatisations des homosexuels. Si les hommes (et les femmes) dénoncés perdent leurs emplois, ils peuvent aussi y laisser la vie. Parce qu’il était une époque ou il valait mieux être mort qu’un homme attiré par les hommes. Ainsi, Hawkins et Tim se doivent d’être discrets.
Fellow Travelers jongle avec les époques avec habilité. On y suit les personnages, mais également les décisions politiques et bien sûr, l’histoire de la communauté homosexuelle aux États-Unis. Matt Bomer et Jonathan Bailey sont ouvertement gays et clairement à l’aise à l’écran. Ce qui nous offre une alchimie titanesque dans chaque scène. Lorsqu’ils se gravitent autour, c’est un véritable brasier, tandis que chacun se révèle puissant dans leur rôle respectif. Ron Nyswaner est plein d’audace, montrant, mais sans dépasser les limites. Au-delà de tout, Fellow Travelers met en scène un amour dévorant et passionnel comme on en voit rarement dans ces productions. D’ailleurs, l’ensemble du casting était exceptionnel. Dont Jelani Alladin, Noah Ricketts ou encore Linus Roach et Allison Williams.
Au-delà de son récit éducatif, Fellow Travelers est une forme de mémoire pour ces personnes qui ont lutté pour leur droit d’exister. La série prône la tolérance et le respect sans jamais pointer du doigt les hétéros. À aucun moment, la série ne devient moralisatrice. Elle n’est pas non plus en quête d’une forme de culpabilité, au contraire. Elle parle d’amour et de notre droit à tous d’aimer et être aimé.
Non seulement Fellow Travelers dénonce les ravages de l’homophobie, mais également ses répercussions tardives. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit de l’une des plus poignante et vibrante série LGBTQIA+. Pas besoin d’en être pour le reconnaître. Dans chaque victoire d’aujourd’hui, il existe une bataille passée.
Fellow Travelers est disponible sur Prime Video (US) et en cours de diffusion sur Canal+.