Laissez-vous emporter par l’univers de Word Of Honor, un drama chinois adapté du roman de Priest, Tian Ya Ke. Diffusé sur Youku cette année, il est aussi disponible sur Viki.
Le chef de la secte de « The Window of Heaven », Zhou Zishu (Zhang Zhe Han), décide de mettre un terme à son service envers l’empereur. En retrait de sa position et vivant à l’écart du monde politique, il compte bien passer ses dernières années tranquille à déguster de bons vins et de la bonne nourriture. Mais la rencontre avec le chef de la secte de la « Ghost Valley », Wen Kexing (Gong Jun) vient perturber ses plans.
En toute honnêteté, Word Of Honor m’a rappelé à quel point les univers historiques chinois me font vibrer comme aucun autre. La Chine possède une signature particulière, un charme unique dans la création de tels univers.
Personne n’attendait Word Of Honor de la part de Youku. Après mille batailles, ou plutôt mille entailles, voilà qu’on nous livre un des meilleurs wuxia aromatisé à la bromance – ou au BL, selon les points de vues. Word Of Honor a simplement explosé les tendances pendant un mois avec ses deux âmes-sœurs en pleine Chine ancienne.
L’histoire se concentre principalement sur une lutte de pouvoir. Nous sommes sur un scénario assez classique, mais qui a le mérite d’être clair et efficace jusqu’au bout. L’armure vitrée est une serrure bien particulière qui pourrait ouvrir l’armurerie contenant de nombreux livres de différentes sectes. D’après les dires, il y aurait même un livre permettant d’être invincible. Et c’est pour cette raison que toutes les sectes sont en chasse des cinq fragments. Or, il est impossible d’ignorer la base vengeresse et les nombreux combats qui vont en découler. Contrairement à beaucoup de wuxia, l’histoire n’est pas ennuyeuse ou répétitive avec un nombre incalculable de clichés. Le côté BL doit sûrement aidé à ce sujet, mais la relation apporte un dynamisme différent.
Gong Jun est un acteur qui fait son bout de chemin en apparaissant dans des rôles divers. Si en début d’année, il prenait le rôle de Wen Kexing, dernièrement on le retrouve dans The Flamming Heart. Peu importe le rôle, il arrive toujours à se l’approprier avec un naturel déconcertant.
Chef de la Ghost Valley (ou du Pavillon Fantôme), on va lentement lever le mystère sur ce personnage énigmatique qui captive autant qu’il intrigue avec ses longues phrases poétiques. Sa prestance est redoutable, droite, élégante et soignée. Il est difficile de prévenir ses faits et gestes, or c’est ce qui lui donne autant de caractère. Il n’est pas tout en douceur. Après tout, il est le chef de la Ghost Valley et doit asseoir son autorité. On ne pourra qu’apprécier sa relation avec Guxiang et Chengling. On sent un réel côté fraternel et paternel qui nous rappelle qu’il est humain, malgré ses profondes rancœurs.
C’est un personnage qui possède une personnalité très tranchée, on peut même dire qu’il possède deux visages. Celui face à Zhou Zishu et celui face au reste du monde. Et c’est ce qui captive tant. Le balancement entre les deux visages est incroyable et maîtrisé, nous donnant ainsi un personnage complexe, mais fascinant et loin d’ennuyer.
Après sa performance dans The Blooms at Ruyi Pavilion qui n’aura pas fait l’unanimité, Zhang Zhe Han semblait ne pas avoir dit son dernier mot. De retour dans un drama historique, il donne un coup de pied aux critiques en prenant le rôle de Zhou Zishu.
Ancien chef de The Window of Heaven (ou La Fenêtre du Ciel), il se retire du monde politique et espère passer les dernières années de sa voir à boire du bon vin et manger de la bonne nourriture. Pourtant lorsqu’il croise la route de Wen Kexing, sa tranquillité prend fin et il doit revoir ses plans. Dès le départ, on ressent une affection particulière pour Zhou Zishu. Bien qu’il ait fait preuve d’une certaine insensibilité dans sa vie, sa remise en question nous offre la possibilité de voir l’homme sous le combattant. Son savoir et son intelligence face à diverses situations font de lui un puissant combattant, en plus de sa maîtrise des arts martiaux.
Nous sommes sur un personnage froid et introverti. Cela fonctionne bien, notamment grâce au fait que Wen Kexing est celui qui possède le plus de lignes. Cela permet aussi à Zhou Zishu d’enfermer ses émotions et lui donner cet air détaché constant qui fini par se montrer à mesure que sa confiance envers Wen Kexing se ressent.
Au départ, Word Of Honor est un boyslove. Cependant, boyslove et Chine ne font pas bon ménage. Pourtant, cela n’a pas empêché les scénaristes d’insérer une relation entre Wen Kexing et Zhou Zishu de la plus belle des façons. On sent l’amour, c’est indéniable. Quelques regards jetés ici et là, quelques sourires. Ensuite, ce sont des échanges entre eux qui ne laissent place à aucun doute avec une poésie qui donne une puissance à l’ensemble. La limite n’est jamais franchie et la façon dont les scénaristes ont composé la romance est incroyable. Ils lui ont donné vie. La dynamique du duo est entraînante et ne fait qu’appuyer sur leur performance réciproque qui emballe et séduit du début à la fin.
Au départ, Zhou Zishu attendait que la mort vienne le cueillir. À contrario, Wen Kexing voulait assouvir son besoin de vengeance. Mais ils ont fini par réaliser qu’ils pouvaient voir au-delà de leurs blessures tant physiques que morales, sans jamais s’éloigner de noix, vin et poésie. La romance est subtile, or elle est maîtrisée et les amateurs de BL peuvent voir une belle ouverture. La censure fut intelligemment détournée et cela reste la preuve que les émotions dominent le contact physique.
Word Of Honor connaît énormément de personnages. Certains sont oubliables, d’autres en revanche vont marquer les esprits par leur régularité et rôle.
Guxiang (Zhou Ye) qui semble assez puérile au début, voir exaspérante. Cependant, on note une évolution de son personnage. Elle brille lors des scènes de combats grâce à sa maîtrise et sa férocité. Ye Bai Yi (Huang You Ming) qui offre une dynamique différente lorsque Wen Kexing est dans les parages. Ses interactions sont excellentes et apportent de l’humour, mais aussi de l’intensité, car il possède un rôle majeur. Le Roi Scorpion (Li Dai Kun) qui tient son rôle jusqu’au bout et arrive à nous faire ressentir des émotions qui viennent lutter contre nous-même. On s’attache à lui, autant qu’on voudrait lui arracher le cœur. L’adorable idiot qu’est Chengling (Sun Xi Lun) qui apporte une certaine innocence, mais évolue à son tour. Ou encore Jing Bei Yuan (Wei Zheming) dans un rôle calme et prévenant qui fascine.
Et tant d’autres… Comme dit plus haut, Word Of Honor connaît une sacré brochette à découvrir. Du plus mauvais au plus gentil, du plus doux au plus rêche.
Ce fameux épisode spécial… Faut-il le voir ou non ? Je dirais oui, mais il n’est pas essentiel si la première fin vous convient. En effet, ce court épisode permet de fermer définitivement la boucle et d’éviter de rester avec des suppositions sur la situation finale. Il reste intéressant à voir, mais n’est pas indispensable si la fin de départ répond à vos attentes.
Malgré tous les compliments, on note un petit trou dans le budget pour certains décors et effets. Nous sommes loin des couacs de The Untamed (encore une fois, le drama s’est amélioré au fil des épisodes), mais certaines incrustations post-prod ne sont pas terribles et d’autres effets ne suivent pas le mouvement. Quant au fond vert, si la majeure partie du temps, il passe bien, il viendra nous tirer quelques petites grimaces. C’est dommage. Cependant, cela n’enlève en rien la qualité de Word Of Honor – suis-je vraiment impartiale ? Les costumes sont magnifiques, l’image est incroyable, la musique est mesurée.
En bref, Word of Honor est mon amour ultime de cette année. Un drama qui m’a fait passer par mille émotions au cours de ses 36 épisodes. Je ne l’attendais pas, mais il est arrivé avec son univers et ses personnages et m’a fait traverser rires et larmes, anticipation et excitation avec sa force unique.
