Light de Adiamond Lee nous livre une version tragiquement moderne d’un conte de fées. Light aura-t-il le courage de laisser Shuo entrer dans sa vie ?
Light (Jed Chung) a été agressé par son beau-père en plus d’avoir toujours manqué d’amour. Après la mort de sa mère – qui fut tuée – il n’a jamais pu s’échapper et fut contraint de se prostituer. Ce jour-là, il ne pensait pas rencontrer quelqu’un qui changerait sa vie. Shuo (Max Liu) est un flic infiltré qui tente de joindre le patron d’un cartel de drogue en travaillant dans une boutique de textile. Au cours de sa mission, il n’a put ignorer Light. Mais Light est-il prêt à faire face à son traumatisme ? Ou finira-t-il par retourner dans la rue et chercher le faux amour de ses clients ?
Adiamond Lee n’est pas une inconnue en terre BL. On lui doit deux séries de la licence HIStory, mais également le drama Dark Blue and Moonlight.
Une ouverture directe sur le monde de Light
Sombre, froid, poignant, réconfortant, chaud. Chaque mot connaît son opposé. Avec le trailer et les images promotionnelles, il était difficile d’ignorer le thème principal de ce court-métrage. Contrairement à de nombreuses productions qui vont ajouter une scène de sexe pour vendre, ici on est sur une approche bien différente.
Dès les premières minutes, on plonge dans le sombre univers de Light. Cet homme qui vend son corps pour survivre et est prêt à accepter chaque désir de ses clients. On fait face à une scène percutante, mais en total lien avec le monde de notre protagoniste. Cordes bordeaux nouées sur une peau nue, ceinture de cuir noire, lumière rouge et une tension qui est déjà en place, cela offre une courte scène de BDSM soft. Pourtant, on peut voir une autre forme : celle d’être entravée dans une vie de supplice.
L’ambiance sombre aux teintes rougeâtres révèle toute la beauté de Jed Chung – ce profil est incroyable. D’ailleurs, avec Cette scène d’ouverture nous montre alors la noirceur qui entoure Light. Une ironie cruelle quand on porte un tel nom.
Le sexe pour compenser le manque d’affection
Le sexe est une partie intégrante de la vie de Light. Il n’a pas le choix s’il veut gagner de l’argent. Entre un père abusif qu’on voudrait voir brûler vif, des clients aux désirs différents (Deven Ho dans la peau d’une racaille ou Neville Sun dans le rôle du sadique) et rien dans les poches, difficile de garder la tête haute et encore moins d’être heureux. Ainsi, Light trouve un réconfort avec ses clients. En échange de son corps, il accepte une partie de leur amour, bien qu’il soit faux. Une triste compensation, mais qui dévoile les faiblesses d’un homme qui n’a rien à quoi s’accrocher. Jusqu’à cette nuit où Shuo entre dans sa vie.
Shuo est un personnage peu exploité. On sait qu’il est flic et on en apprendra pas plus à son sujet. Malgré cette absence le concernant, il n’en reste pas moins un personnage intéressant qui va devenir l’épaule sur laquelle Light va pouvoir s’appuyer. On ressent une distance émotionnelle de sa part, mais elle dissimule une pointe d’affection à laquelle il faut prêter attention. Il n’est pas évident de voir à quel moment Shuo laisse Light entrer dans sa vie.
Le point fort de Light : ces personnages
Les courts-métrages sont comme le format de la nouvelle en littérature. Cela peut sembler facile, et pourtant c’est tout le contraire. En moins de temps, le téléspectateur doit plonger dans l’histoire pour n’en ressortir qu’au générique de fin. Peu importe la durée ou la matière ajoutée, son attention ne doit pas se relâcher une seconde au risque de le perdre. Et c’est là qu’est tout l’intérêt de ce court-métrage. Plutôt que de tourner autour de plusieurs personnages et prendre des risques inutiles, toute l’intrigue s’est concentrée sur Light et Shuo. Bien sûr, nous avons des intervenants, cependant ils n’éclipsent jamais le duo principal.
D’autre part (et comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessus), les clients de Light se prénomment tous John. J’imagine que c’est en référence à l’expression « John/Jane Doe ». Autrement dit, une personne non identifiée ou un homme (ou femme) de la rue. Ainsi, on comprend que Light trouve un réconfort auprès de ces inconnus bien qu’ils soient éphémères.
Un détail m’a frappé lorsque Shuo s’abandonne avec Light. Ce dernier ne sourit pas comme il le fait avec ses clients. Cela prend tout son sens et on peut, ainsi, peser les sentiments qu’ils ressentent l’un pour l’autre. Ce n’est pas seulement une scène où ils font l’amour, on y trouve bien plus et c’est si bien joué. Finalement, Light comprend qu’être aimé par Shuo est bien différent du reste. Qu’être avec un homme qui le voit comme une personne, tout est différent. Shuo devient la lumière au bout du tunnel.
Une fin en demi-teinte, mais une image sublime
La fin n’est pas mauvaise, mais il manque quelque chose. Avec une ellipse d’un mois, on ignore où était Light. Qu’a-t-il fait pendant ce temps ? Qu’est devenu son beau-père ? A-t-il brûlé vif, ça y’est ? Si cela avait été prévu pour un long-métrage, on pourrait comprendre les petits trous sur les dernières minutes. Dans le cas contraire, l’écriture n’était pas parfaite sur la fin. Et si vous suivez un peu mes avis, vous savez que j’apporte une grande importance aux fins, plus qu’au contenu lui-même.
La photographie sombre colle parfaitement à l’ambiance, les quelques touches de lumières sont magnifiques et vienne rehausser l’ensemble. Certaines prises de vues font penser à la lumière au bout du tunnel. L’image sombre, mais en fin de celle-ci, une lueur d’espoir. Peut-être qu’il un drama à ne pas mettre entre toutes les mains.
Light est disponible sur GagaOOLala.