Gothique, sombre et fascinante, la série Sandman de Netflix captive grâce à son personnage principal : le Seigneur des Rêves, Dream/Morpheus. Mêlant fantasy et nature humaine, endormez-vous et rêvez de l’anti-héros tourmenté de DC Comics.
Dream (Tom Sturridge) est un Eternel régnant sur le royaume des rêves. Un jour, il se retrouve prisonnier sur Terre. Ce n’est qu’après une centaine d’années qu’il arrive à s’en libérer. Le Seigneur des Rêves entreprend alors un périple à travers les mondes et royaumes pour retrouver ce qu’on lui a dérobé et récupérer ses pouvoirs.
Sandman est une série de comics fantasy écrite par Neil Gaiman de 1989 à 1996 – exclus les hors-série. L’histoire se démarque rapidement par sa thématique onirique tout comme son style graphique. Loin de s’être noyé dans la masse, le comics s’est offert le prix World Fantasy en 1991 pour Songe d’une nuit d’été – A Midsummer Night’s Dream de sa VO. Pour ensuite figurer sur la liste des best sellers du New York Times en 2020.
Tom Sturridge ou Dream, l’Eternel onirique d’exception
Si mon Sandman (le Marchand de Sable, en français) pouvait avoir les traits de Dream, je ne tarderais plus à m’endormir tôt le soir. Brillamment incarné par Tom Sturridge, le personnage fascine. Par son allure élancée, drapée autour d’un long manteau noir. Par sa silhouette squelettique et d’une peau aussi blanche que le marbre. Mais surtout, il impose son charisme par le silence qui permet de donner le ton au personnage.
L’émotion que projette Tom Sturridge donne vie au personnage. Colère, vengeance ou peine sont des sentiments renforcés par des yeux bleus légèrement et constamment humides. Un Eternel dominant les rêves, mais pas dénué d’émotions pour autant. C’est grâce à cela que la série tire son épingle du jeu. Alors que nous sommes habitués aux personnages solides qui ne laissent rien paraître, Dream amène cette nuance. Il ose les montrer et développe une dimension réelle au personnage ainsi qu’un profond attachement.
Le personnage va au-delà de ce qu’il représente. Plus que le Seigneur des rêves, plus qu’un créateur, il représente l’espoir des vivants, l’espoir des rêveurs. Il pourra rappeler (rien que par son allure) le personnage de Pitch dans le film d’animation Les Cinq Légendes, sorti en 2012. Ce qui n’est qu’un argument cadeau pour apprécier le personnage, cela va de soit.
Afin de s’immerger pleinement dans la performance de Tom Sturridge, je ne peux que fortement conseiller la VO. La voix de l’acteur est comme une caresse irréelle dans son long manteau noir et ses plans immenses qui ne sont pas sans rappeler l’infini et la démesure.
En plus de Tom Sturridge, on appréciera la présence de Vivienne Acheampong dans la peau de Lucienne qui se révèle bien plus que la bibliothécaire du royaume des rêves. Boyd Holbrook tiendra son rôle du Corinthien jusqu’au bout avec un style dérangeant au-delà de ses lunettes. Ou encore Charles Dance en tant que Roderick Burgess et David Thewlis en John Dee.
Une thématique onirique immersive
J’aime comparer l’imagination avec les rêves et cauchemars. Ces derniers n’ont aucune limite si ce n’est notre imagination. Neil Gaiman (l’auteur original) et Allan Heinberg, le scénariste et réalisateur, l’ont bien compris. Ils offrent ainsi tout un spectacle visuel.
Les effets spéciaux sont d’une grande qualité et d’une mise en scène unique. Ce côté de particules et fluides aux couleurs brique et noir sont intéressantes et offre une image différente de l’horreur que nous connaissons. Une vision unique des rêves, pleine de créativité et d’imagination. Pour cette raison, les effets sont en accord avec les décors et la thématique onirique promise. Les plans – notamment pour renforcer la grandeur des lieux – pourraient presque donner le vertige, mais sont écrasants de beauté. Même si (et cela rejoindra plus un avis personnel) le floutage semble parfois trop accentué.
On ne pourra également qu’apprécier certains affrontements. Le plus marquant restant – car en lien avec le côté onirique de l’histoire – celui de Dream et Lucifer. Ce dernier, ou plutôt cette dernière, incarnée par Gwendoline Christie, principalement connue sous le nom de Brienne de Torth dans Game of Thrones. Si le personnage peine à convaincre, la proposition d’Azazel pique la curiosité.
Outre ces quelques défauts, Sandman nous rappelle l’importance des rêves et des cauchemars tant pour nous donner espoir que pour nous forcer à affronter nos plus grandes peurs.
Sandman est disponible depuis le 05 août 2022 sur Netflix.
