S’inspirant de faits réels, Piotr Domalewski revient avec Opération Hyacinthe mettant en scène une action de masse menée par la police communiste polonaise de 1985 à 1987. Poignant et intense, retour sur ce petit bijou tout droit venu de Pologne.
Varsovie (Pologne), 1985. Robert Mrozowski (Tomasz Zietek) est un jeune policier consciencieux qui participe malgré lui à l’Opération Hyacinthe. Insatisfait d’une arrestation, il décide de mener sa propre enquête et infiltre la communauté gay. Il y rencontre le bel Arek (Hubert Milkowski), qui va bouleverser sa vie tant professionnelle que personnelle.
Qu’est-ce que l’Opération Hyacinthe ?
En 1932, la Pologne a dépénalisée l’homosexualité – à l’exception de la prostitution, mais tout change avec la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945). Sous la République populaire de Pologne et les pensées staliniennes, l’homosexualité devient alors une anormalité dès les années 1960. Le matin du 15 novembre 1985, sur ordre du ministre de l’intérieur, le général Czeslaw Kiszczak lance l’opération Hyacint.
Ainsi, les homosexuels (hommes exclusivement) se retrouvent surveillés en masse et inscrits sur une base de données nationale. Des rafles sont menées, on leur attribut une « carte d’homosexuel », on prend leur empreintes digitales. Certains doivent donner des noms ou encore des descriptions d’actes, tandis que d’autres sont victimes de chantage.
L’opération dura jusqu’en octobre 1987. Elle devait reprendre en 1989, mais suite à un changement politique, elle fut abandonnée. Ce n’est pas moins de 11.000 hommes qui furent répertoriés dans cette base de données aussi nommée « l’index rose ».
Histoire romancée, mais pas moins brute d’intensité
Sous couvert de cette sombre partie de l’Histoire polonaise, on fait la rencontre de Robert, un homme sans problèmes, bon dans son travail et sur le point de se marier. Contrairement à ses collègues, Robert ne montre aucune animosité envers la communauté gay. Mais tout en enquêtant sur un meurtre énigmatique, le classement de l’affaire le laisse insatisfait. Il débute alors sa propre enquête.
Tomasz Zietek et Hubert Milkowski offrent tous deux une performance sensationnelle avec une intensité que même les mots font pâle figure. Peu importe le lieu ou l’échange, ils arrivent à créer ce magnétisme si particulier dans un polar sombre. Les mots en deviennent futiles, les regards suffisent. Ils sont l’étincelle d’espoir dans la nuit polaire d’un hiver slave. Le duo crève l’écran.
Au fil de son intrigue, on découvre de nouveaux personnages. Aucun excès, aucune extravagance, uniquement des hommes qui se cachent pour en aimer un autre. Arek entre dans la vie de Robert par un quiproquo qui aura un impact sur les deux hommes. On voit le policier ressentir une affection subtile et intrigante. Ce désir qui s’anime dans l’ombre. Notamment lorsque les deux hommes se font face et que la vérité éclate. Porté par une mise en scène soignée et une belle photographie, les codes du thriller sont là pour nous plonger que plus en profondeur dans les années 80.
Tout comme Le Bal des 41 (El baile de los 41) du réalisateur mexicain David Pablos, Opération Hyacinthe (Hiacynt de son titre original) nous fait revivre un moment sombre du passé avec sa romance subtilement cachée, mais pas moins intense.
Opération Hyacinthe est disponible depuis le 13 août 2021 sur Netflix.