Après l’adaptation loupée de Persuasion du roman de Jane Austen, Netflix revient avec L’Amant de Lady Chatterley du roman éponyme de D.H. Lawrence. Emma Corrin et Jack O’Connell se livrent corps et âmes dans cette nouvelle adaptation réussie.
Jeune mariée, Lady Constance Chatterley (Emma Corrin) voit son mari, Clifford (Matthew Duckett) revenir de la guerre paralysé et impuissant. Débute une vie monotone dans laquelle elle ne se retrouve pas. Constance entame alors une liaison avec le garde-chasse, Oliver Mellors (Jack O’Connell).
Lorsque pâleur et couleurs se côtoient
Dès les premières minutes du film, on se retrouve au cœur d’une animation qui bat son plein. Clifford et Constance viennent de se marier, l’humeur est à la fête malgré le départ de Clifford pour le front. Malheureusement, son retour laissera des cicatrices profondes et irrémédiables. Désormais infirme (et impuissant), la palette de couleurs change pour une teinte plus austère et froide. Les jeux de couleurs sont perceptibles tout au long du film et fonctionnent comme le miroir des émotions de Constance.

L’état émotionnel dans lequel Constance se trouve n’est en rien une surprise. Elle, qui avait tout abandonné pour son mariage. Son mari, elle l’aime. On le voit. Mais est-ce de l’amour ou une affection déguisée ? Cela ne l’empêchera pas d’accepter la proposition de Clifford, presque sur un coup de tête. Ce qui fait qu’aux premiers abords, Constance peut donner l’impression d’agir de façon capricieuse.
Un duo qui enflamme la joie de vivre
Il existe différente vision du nu. Le nu artistique, pornographique, érotique et intimiste, pour ne citer qu’eux. Le film mise sur les deux derniers : érotique et intimiste. Les scènes de sexe dégagent une intimité propre et endiablée. Sans pour autant en devenir vulgaire. Contrairement à bons nombres de productions d’aujourd’hui, l’érotisme dont fait preuve L’Amant de Lady Chatterley n’a pas pour unique but de faire sensation. Au contraire !

Dans le roman original, l’œuvre avait fait scandale pour ces mêmes raisons. De souvenir (ma lecture remonte à quelques années maintenant), cela n’avait rien de très scandaleux, mais pour l’époque c’était une autre histoire. Or, c’est en ce point que Laure de Clermont-Tonnerre tire son épingle du jeu. Chaque personnage est sur une base égale, chacun faisant évoluer le corps et la personnalité de l’autre. Leur relation, tant physique qu‘émotionnelle, évolue au fil des scènes et de leur bien-être.
Constance retrouve une joie de vivre perdue. Oliver redécouvre un bonheur auquel il ne croyait plus. Quant à Clifford, il déniche son bien-être sur le plan intellectuel. Bien que ce dernier soit parfois déroutant et sonnant comme égoïste, on s’attache à cet homme qui donne tout à son épouse, mais cela n’est pas suffisant. D’autant plus qu’il s’est résigné au fait d’être infirme. C’est un homme qui ignore comment aimer sa femme autrement.


Emma Corrin et Jack O’Connell sont les raisons de la réussite de cette énième adaptation. On ressent une alchimie vivante entre les deux acteurs, ainsi qu’une prestation honnête et franche. Individuellement, ils n’en sont pas moins puissants dans l’émotion qu’ils dégagent.
Au-delà des grands champs et belles forêts anglaises, de par son temps grisonnant aux doux rayons de soleil, L’Amant de Lady Chatterley est une ode au bonheur et aux plaisirs charnels sans jamais entrer dans la grossièreté ou l’inutile. Une preuve que l’amour peut vivre au travers du temps.

L’Amant de Lady Chatterley (Lady Chatterley’s Lover de son titre original) est disponible depuis le 02 décembre 2022 sur Netflix.