Relatant les débuts de l’épidémie de 2003 à Taipei, Eye of the Storm s’intéresse davantage à l’Homme qu’au virus lui-même dans un thriller dramatique fort d’émotions.
Dans un hôpital confiné après l’apparition d’un virus mortel, plusieurs personnages doivent faire face à un déluge de choix impossibles.
Dernier film taïwanais arrivé sur la plateforme, Eye of the Storm rend hommage à ceux qui se sont sacrifiés il y a vingt ans. L’action se situe en 2003 à Taipei alors que l’épidémie du SRAS commence à éclater. On suit le docteur Zheng Xia (Wang Po Chieh) qui se retrouve confiné dans l’hôpital. Aux côtés du journaliste Zong Jin You (Hsueh Shih Ling), ils tentent de trouver le patient zéro de l’hôpital. En parallèle, on suit le reste du personnel médical dont l’infirmier dévoué An Tai He (Tseng Jing Hua).
Lin Chun Yang s’intéresse tout particulièrement à l’Homme et arrive à nous engager, émotionnellement. De plus, le réalisateur ajoute des images d’archives, cela apporte une force supplémentaire. Au travers de son long-métrage, Lin Chun Yang capture l’honnêteté humaine et nous force a côtoyer un virus mortel de près. Personne n’est vraiment préparé a affronter la mort.
Le cinéma asiatique sait comment mélanger les genres comme nul autre. Sur fond de thriller dramatique et frôlant l’horreur, la mise en scène renforce le sentiment d’étouffement, tant par l’ambiance que l’absence de fenêtres. Et lorsqu’on aperçoit l’extérieur, c’est un violent bain de lumière qui nous rappelle qu’entre les murs où nous sommes prisonniers, le temps est compté.
D’ailleurs, l’aile B (où les malades sont transférés) ne possède pas de fenêtres. Comme si l’espoir n’avait pas ou plus sa place. Lorsque les portes se referment, plus rien ne passe. Le temps semble suspendu. Il y avait du mouvement et soudain, il n’y a plus rien. Le lieu devient rapidement anxiogène, tant par son couloir que par la peur de An Tai He à chacune de ses respirations. Malgré la couche de protection face au virus, Tseng Jing Hua transmet des émotions brutes à l’écran et donne une force unique à son personnage.
Ce sont les personnages qui portent le film et non l’inverse. Lin Xin Yan rappelle à ses consœurs et confrères les valeurs d’une telle profession. Zong Jin You n’abandonne pas son travail d’investigation. L’égoïste Zheng Xia est témoin de nombreux actes nobles ce qui le pousse à se remettre en question. An Tai He est sûrement le personnage le plus émouvant. Malgré la peur qui le ronge, il traite les patients atteint du SRAS comme les autres. Au point de sauver la vie du patient qu’on suppose être celui qui l’a contaminé.
L’ensemble du casting offre des performances solides et franches. Ils représentent tous plusieurs facettes de l’Homme au travers des choix qu’ils doivent faire. Ils ont le choix, mais lequel feront-ils ? On ressent les peurs, les inquiétudes et le courage dont chacun se nourrit pour avancer.
Enfin, l’ambiguïté quant aux sorts des personnages (Zheng Xia et An Tai He) est un choix intéressant. Bien qu’on puisse en connaître l’issue, sachant qu’il est confirmé pour An Tai He et indirectement évident pour Zheng Xia présentant les premiers symptômes. Le film s’achève alors qu’ils se regardent et la question se pose : se reverront-ils ?
Finalement, le film aurait mérité quelques longues minutes de plus afin de traiter chaque personnage à leur juste valeur. Quant à son autre défaut, c’est d’arriver après tous les autres et d’avoir malgré lui l’étiquette du film pandémique.
Eye of the Storm est disponible sur Netflix.