Call It What You Want – จะรักก็รักเหอะ – est un BL thaïlandais inspiré de la propre expérience du réalisateur, Aam Anusorn. Que cache vraiment les coulisses de l’industrie du divertissement ?
James (Time Dhamawat) est un réalisateur sur la pente raide après l’annulation du film qu’il devait produire. Il est finalement contacté par une agence pour la réalisation d’un drama BL. Il fait la rencontre des acteurs principaux et entame une relation secrète avec l’un d’eux, Ait (Benz Panupun). À côté de cela, on découvre Bas (Michael Kiettisak), également acteur principal, qui rencontre de graves problèmes et met en lumière les difficultés et horreurs cachées du grand public. Marco (Daniel Chang) quant à lui éprouve des sentiments pour James et voit mal le rapprochement avec Ait.
Call It What You Want n’est pas parfait. Cependant, il était nécessaire d’enfin mettre en lumière les ténèbres d’une industrie qui se veut brillante et pure comme la neige. Au départ, on regarde un film, une série ou autre pour se détendre et se couper de notre propre vie. Mais au fil des années, les supports artistiques ont évolué et sont devenus un moyen de communication. Ainsi, faire passer un message dans un drama est plus simple que de s’asseoir autour d’une table et d’écouter les discours des uns et des autres.
Call It What You Want, inspiré de faits réels
L’histoire de Call It What You Want repose sur deux expériences du réalisateur Anusorn. Tout d’abord, lorsqu’il travaillait sur un ancien projet, il vivait à proximité d’un des acteurs. Pour diverses raisons, il avait prit l’habitude de le conduire jusqu’au studio. Cependant, la société de production l’a découvert et a interdit à Anusorn de recommencer en plus de les empêcher de poster des photos sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Simplement parce que les fans pourraient penser qu’ils étaient ensemble. Cela me rappelle mon article sur le fan-service et les acteurs de BL. Malheureusement, ce n’est pas la seule expérience pour Anusorn. Il fut également témoin d’une triste confession. En effet, un des acteurs s’est tourné vers lui pour confesser que le producteur l’avait sexuellement agressé. Suite à cela, le réalisateur a fait en sorte de protéger l’acteur, mais s’est retrouvé à la porte. Joyeux, n’est-ce pas ?
Avant toute chose, on ne peut que féliciter Aam Anusorn pour avoir eu le cran de se lever et tirer le rideau afin de dévoiler une partie des misères cachées. Comme dans toutes industries, rien n’est tout rose. On aimerait croire que ça n’existe pas, pourtant on sait à quel point c’est un milieu féroce et où les raclures sont monnaies courantes. On ne pourra que saluer son initiative, malgré un manque de budget – il semblerait que les sponsors n’aient pas voulu tenter le diable. Après tout, pourquoi parler de ce qu’on ne voit jamais ?
Lumière sur une industrie pas si glamour
L’industrie du divertissement fait rêver. Les strass, les paillettes, la gloire, l’argent et la reconnaissance. Mais lorsqu’on tire le rideau, que peut-on réellement y découvrir ? C’est ce que le drama va mettre en lumière. Entre le contrôle total des réseaux sociaux des acteurs, des restrictions abusives et des régimes drastiques, et même dangereux pour la santé, sans parler des abus sexuels. Et même d’un passage par le billard. Tout est là. Cependant, on ne nous jette pas tout en plein visage. Cela arrive progressivement, bien que nous ayons conscience que les choses sont loin d’être normales.
C’est un drama qui met en colère et remet en cause nos propres valeurs. On ne pourra s’empêcher de penser à l’enfer vécu par les acteurs. Tandis que nous, téléspectateurs, sommes impuissants face aux démons. La réalité des faits renforce le sentiment d’impuissance et tiraille de l’intérieur. Nous savons à quel point ces industries peuvent se montrer pourries dès la racine, mais j’imagine que nous avons toujours l’espoir que les choses vont biens.
L’agression de la honte
Aujourd’hui encore, il est difficile pour une personne de reconnaître une agression – notamment sexuelle – pour plusieurs raisons. La honte, la peur du jugement et des moqueries, le sentiment d’être sale ou l’impression d’avoir fait quelque chose de mal pour que cela arrive. C’est tout un processus psychologique violent qui demande du temps.
Bas est atteint psychologiquement par ce qui lui est arrivé, mais il finit par trouver le courage d’en parler. C’est le premier pas. Accepter et en parler. Rien n’est simple et il dit lui-même avoir honte. Pourtant, le processus s’enclenche lentement afin de lui permettre de se libérer de ce poids qui lui pèse. Bas souffre. Entre sa famille qui lui manque, un régime alimentaire strict et abusif, puis son agression… Cela fait beaucoup pour une seule personne. Peu importe la gloire promise, personne ne devrait autant souffrir et subir de tels méfaits pour l’obtenir. Et c’est le message délivré par CIWYW ou du moins, celui que j’interprète.
Un drama avec quelques défauts
Les sujets abordés sont importants, mais il serait malhonnête de nier la présence de défauts. En effet, on ne pourra que mentionner les plans en voiture qui rappelle les films des années 80. Si le volant n’est pas tourné dans tous les sens, l’image reste vilaine. De plus – cela est entièrement personnel – la romance entre Ait et James est très présente au point d’évincer la gravité des problèmes de Bas qui sont (pour moi), un niveau bien plus grave. Certains épisodes sont un peu précipités, mais vu le format cela n’a rien d’étonnant. À voir sur ce que réserve la suite.
Avec cette première saison de Call It What You Want, Anusorn ouvre la porte et permet de mettre sous les projecteurs une dure et triste réalité.
CALL IT WHAT YOU WANT 1 EST DISPONIBLE SUR GAGAOOLALA (ENG SUB)
Si vous êtes victime de harcèlement ou d’agression (sexuelle ou non), n’ayez pas peur d’en parler. Des personnes sont là pour vous écouter et vous venir en aide – que ce soit pour les démarches juridiques et/ou administratives, mais aussi pour un soutien psychologique.