Au-delà de ses imperfections, 4 Minutes (สี่นาที) est un drame fascinant avec ses réalités alternatives ambiguës. Porté par un excellent casting et une belle photographie, la brume énigmatique qui l’entoure réussit à captiver notre attention jusqu’à sa conclusion.
Great (Bible Wichapas Sumettikul) est un étudiant issu d’une riche famille d’entrepreneurs. Lorsqu’il acquiert la possibilité de voir l’avenir 4 minutes en avance, sa situation devient étrange. Il croise régulièrement le chemin de Tyme (Jes Jespipat Tilapornputt), un médecin. Malgré les circonstances inexplicables, ils sont amenés à se rapprocher. En parallèle, Tonkla (Fuaiz Thanawat Shinawatra) supporte une perte, alors qu’il se sent délaissé par Korn (Bas Asavapatr Ponpiboon). Pendant ce temps, l’inspecteur Win (JJay Patiphan Fueangfunuwat) mène une enquête curieuse.
« Le cerveau est un organe qui nécessite un flux constant d’oxygène. 4 minutes… C’est la durée pendant laquelle le cerveau peut survivre sans oxygène. Qu’arrive-t-il à notre conscience pendant ce temps ? »
– Lukwa Arinya
Et si vous aviez la possibilité de revenir 4 minutes en arrière ? Que se passe-t-il lorsque deux réalités se confrontent ? Quels impacts auront les changements de l’une sur l’autre ? Les histoires de voyages temporels ou de réalités alternatives sont fascinantes, bien qu’elles peuvent vite devenir un labyrinthe tortueux.
Après le visionnage du dernier épisode de 4 Minutes, j’ai eu besoin d’un peu de temps pour remettre mes idées en ordre. C’est une histoire cohérente, mais elle m’a souvent donné l’impression de nager en plein brouillard. C’était un choix volontaire de la production, mais risqué. En effet, qui n’a jamais abandonné une série dont il ne saisissait pas les grandes lignes après quelques épisodes ? Pourtant, je lui excuse volontiers ses imperfections. Be On Cloud continu de créer des œuvres adultes et matures aux idées nouvelles. Certes, elles ne sont pas parfaites, mais elles abandonnent (enfin) l’adolescent aux dents baguées en short bleu marine et chemise rose pastel.
D’ailleurs, les personnages de 4 Minutes sont une force que l’histoire sait mettre en scène jusqu’au bout. Ils sont imparfaits et réalistes sans être toxiques. On s’attache aux uns, on aime désespérément les autres et on méprise le reste. L’équilibre entre chacun est bon, tandis que les relations se mêlent et se démêlent.
Tout d’abord, Great et Tyme qui ont le rôle du couple principal. Ensuite, Korn, Tonkla et Win qui semblent secondaires sur le papier, mais qui ont tout autant d’importance. Mon cœur s’est fait malmener par la relation entre Korn et Tonkla, mais je n’en avais jamais assez ! Les relations apportent des dynamiques différentes, sans jamais s’éloigner d’une certaine noirceur quant à l’univers exploré.
Les romances accompagnent l’histoire, sans en être les points centraux. Grâce à Be On Cloud, les clichés de ces dernières années dans le BL se cassent, et tant mieux ! Comme mentionné ci-dessus, depuis leur arrivée, nous avons pu voir des séries différentes avec des concepts uniques et dynamiques. Mais aussi de nouveaux visages avec des acteurs et actrices aussi excellents les uns que les autres. Quoiqu’il en soit, les romances existent, mais elles servent l’intrigue et apportent une touche sexy sans être un quota à remplir. Les scènes intimes n’ont pas pour seul but de satisfaire le public, contrairement à The Sign (ลางสังหรณ์). Elles explorent les sentiments et les désirs des personnages.
L’intrigue est brumeuse dès le départ. En partant de ce postulat, on ne peut aller que d’hypothèses en hypothèses, laissant les épisodes les consolider ou les détruire. J’ai l’impression que l’histoire nous laisse la liberté d’interpréter son déroulement. C’est une narration risquée, mais payante. C’est pourquoi, je pense que le chiffre 4 est inspiré des quatre nobles vérités de l’enseignement bouddhiste. On y trouve la première noble vérité, Dukkha (insatisfaction (souffrance)). En deuxième noble vérité, Taṇhā (soif, avidité, désir (cause)). Pour la troisième noble vérité, Nirodha (extinction), pour finir par la quatrième noble vérité, Magga (cessation de la souffrance (délivrance)). Au fil de l’histoire, c’est un cycle qui se répète.
Cependant, et bien que j’ai sincèrement aimé ce drama, le réel défaut de 4 Minutes est d’avoir été trop confus dans sa temporalité. Et en même temps, ce détail parvient à en faire un fil conducteur passionnant qui m’a tenu en haleine tout au long des huit semaines de diffusion. J’ai apprécié que l’histoire ne me prenne pas par la main pour m’expliquer chaque détail, me laissant libre dans mon imagination (parfois un peu trop). Cela dit, un nouveau visionnage dans quelques mois pourra répondre à certaines de mes questions en suspens.
S’il n’est pas au goût de tous (avec des scènes ayant connues des débats), 4 Minutes sort des habitudes dans le BL. Fort de son excellent casting, de sa belle photographie et de son ambiance mystérieuse, et malgré ses imperfections, il est sans aucun doute l’un des meilleurs drames de 2024.
4 Minutes est disponible sur iQIYI (eng sub).